Sortie de coma.

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Des infirmiers autour de moi. Mais pourquoi ? «On est pas à l’enterrement de la tante Ronco ! Je suis au lit ? Mais pourquoi ? Ah voilà mes parents! Et la grand-mère, et la tante. Ma grand-mère va encore tambouriner sur les barreaux du lit avec son gros bracelet en ivoire pour essayer de me réveiller. Mais non! Rien n’y fait. Ça me résonne dans les oreilles. Ma mère s’approche de moi :« Astu vu Mlle Richer, ce matin. «  Qui c’est celle là ? Il y avait bien un Richet, au collège copain de Vincent.

Mais avaitil une sœur ?

– « Evelyne a porté des soucis ce matin ». J’aime les soucis. Je me demande qui peut bien être cette Mlle Richer ?

Ma mère est là, elle aussi. Elle me montre des bandes de papier où sont inscrits des ordres: «ferme les yeux, ouvre la bouche » moi je m’exécute. Cela, sans doute pour montrer au médecin que je suis bien conscient.

Voilà les infirmières. C’est l’heure du repas. Elles vont m’intuber. Je devrais me passer du goût de la nourriture de l’hôpital. « Je ne perdrai rien à ne pas sentir le goût de cette mélasse »!

Reparti dans mes rêves je repense aux repas pantagruéliques que je faisais, en Dordogne, chez ma grand-mère. Là, cous d’oie farcies, pâtés de foie gras truffés, confits de canards s’enchaînaient.

C’est toute une vie qui disparaissait

Pourtant j’ai encore un espoir. Je n’espère pas rester dans ce cloaque. Ce n’est, pour moi qu’un drôle de rêve ! Mais, qui peut bien être cette Mademoiselle Richer dont on me parle tout le temps ? Noël 1977 je me réveille doucement. Mais je ne parle toujours pas.

Il faudra attendre début 1978 pour que je réussisse à articuler un « Bonjour Maman » d’une voix gutturale.

Le coma était terminé. Mais la tumeur était toujours là. Plus tard j’apprendrai que c’est le docteur Cohadon qui m’a mis dans le coma en voulant opérer la tumeur. Les tumeurs de la pinéale sont le plus souvent cancéreuses.

Malheureusement pour le chirurgien, la mienne ne l’était pas. Lors de l’opération son scalpel est tombé sur quelque chose de très dur, un amas d’ongles et de cartilage qui s’était logé dans le cerveau. Les ravages faits par le scalpel dans le cerveau ont suffi à me plonger dans un coma de 3 mois et demi. 

Bien sûr, dans l’état des connaissances en 1977, le docteur ne pouvait pas penser à la présence d’une telle tumeur très rare.

Sorti du coma , mais toujours à l’hôpital, je me faisais dorloter par les infirmières. J’eus beaucoup de visites: la famille, les amis, les connaissances. Le staff de l’équipe de neurotraumatologie passait régulièrement.

Le service de Mademoiselle Richer était un espace de liberté : pour Noël le service avait été décoré de guirlandes, un sapin trônait au milieu des salles d’attente, je chantais l’opéra aux infirmières. Régulièrement mes amis m’apportaient des recueils d’histoires drôles pour me faire rire et tout le monde en profitait. Si ma parole était de plus en plus audible, je ne marchais toujours pas. Il faudra attendre que je sorte de l’hôpital pour cela.

Mais les problèmes n’étaient pas terminés ! La tumeur allait faire des siennes !

Olivier.G

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